STRUCTURER LES ACQUIS

L’étude, au cours d’une leçon, de tel ou tel point de la langue vise à faire évoluer les représentations que les élèves s’en faisaient. Pour que ces transformations aient quelque répercussion sur la compétence à comprendre ou à se faire comprendre, sur le choix de telle ou telle graphie, de telle ou telle interprétation, il faut que ces perceptions remodelées se fassent une place parmi les représentations déjà là, quitte à les bousculer. Cela demande de reconfigurer en profondeur les perspectives sur l’ensemble du système.
Pour aider à ces reconfigurations, notre démarche propose au fil de la succession des leçons plusieurs types d’ « arrêts sur images. »

L’objectif en est triple :
– revenir sur les apprentissages menés et les rebrasser ;
– raisonner sur les structures syntaxiques ;
– structurer le savoir.

L’arbre de la grammaire

Au CE1, à la fin de la période 3 et de nouveau à la fin de la période 5, il est proposé aux élèves d’associer à un domaine ou à un autre de la grammaire des mots dont l’usage ou le sens lui sont spécifiques.
Le but est que les élèves organisent dans leur mémoire les divers objets qu’on leur demande d’étudier, qu’ils se construisent en quelque sorte une sorte de carte où situer les différents éléments du système linguistique. La forme donnée à cette figuration est celle d’un arbre, toujours susceptible de croitre et de se ramifier davantage.

Au CE2, ce même dispositif est proposé à deux reprises. Les élèves sont invités à revisiter cet arbre, à retrouver rapidement les associations déjà éprouvées et à étoffer des nouvelles connaissances les ramures de cet arbre en développement.

Voici par exemple ce que cela peut donner en cinquième période de CE2 (voir la leçon L’arbre de la grammaire 2) :

Les collectes

Certaines marques sont particulièrement problématiques parce qu’elles peuvent, selon les contextes, recevoir des valeurs différentes. C’est le cas, en particulier, des lettres –e, –s ou –t
Certains élèves n’acceptent pas facilement qu’elles ne soient pas univoques. Ils fixent telle ou telle marque dans un rôle et négligent les autres valeurs possibles, comme cet élève de CE2 qui ampute le verbe de son –: J’ai écrit il jou « parce que c’est pas une fille ! »

Pour aider les élèves à revenir sur les valeurs « noter un son », « marquer un accord » et « marquer la personne à la fin d’un verbe », on propose un petit texte, on demande aux élèves de relever les mots qui contiennent la lettre en question puis de classer ces mots selon le sens qu’ils lui trouvent. Voilà comme exemple ce que cela peut donner en CE2 (voir la leçon Collecte de -e) :

Un bénéfice essentiel est aussi de favoriser un autre rapport à la langue.
Cette pratique conduit les élèves à ne pas prendre en compte seulement les mots et leurs lettres mais les structures de phrases d’où ces mots sont extraits. Elle les accoutume à raisonner sur des structures et non sur des éléments épars, des mots ou des lettres.

Remarque : Avec les élèves les plus grands, on peut déléguer aux élèves le soin de constituer eux-mêmes le corpus à classer. On leur indique le ou les textes de lecture où rechercher des mots qui contiennent l’élément à relever, ils mettent en commun leur récolte puis ils procèdent au classement. Cependant ce type de « traque » prend pas mal de temps et risque de fournir abondamment la catégorie « on ne sait pas ».

Les mises en classes

Lors des tests de progrès (voir ici) mais aussi lors de séances spécifiques ou d’entrainements spécifiques (voir Le dispositif Calame-Gippet) les élèves sont invités à classer les mots d’un court texte en fonction de leur classe grammaticale.
Beaucoup de mots peuvent – selon les contextes – relever d’une classe ou d’une autre. Les mots élève ou porte peuvent être noms (C’est un élève consciencieux, il referme toujours la porte.) ou verbes (j’élève des escargots… je leur porte de la salade…), les adjectifs peuvent souvent être employés comme noms (le bleu de tes yeux… il a des bleus à force de se cogner) ou comme adverbes (il faut parler clair et net), les prépositions s’utilisent souvent comme adverbes (il a oublié sa trousse, il est parti sans…), etc. Donc, pour déterminer la classe grammaticale de tel ou tel mot, il faut prendre en compte la structure syntaxique où le mot est employé.

Si les mots sont donnés sans contexte, il faut s’appuyer sur la diversité des formes que peut prendre le mot pour déterminer la classe grammaticale à laquelle il peut appartenir. Il s’agit alors de jouer avec les relations entre « nature » et « fonction » (sur ces notions, voir ici les mises au point).

Les mises en boites

Le principe est celui-ci : les élèves collectent des formes verbales dans les textes de lecture, ils doivent les ranger dans des « boites » elles-mêmes emboitées les unes dans les autres (depuis les plus grandes – des boites à chaussures, par exemple – jusqu’à de plus petites – des pots de yaourt). Ces boites peuvent aussi être virtuelles, comme dans les tableaux qui suivent.
Voici les « boites » telles qu’elles pourraient se présenter en fin de CM2. Dans la réalité des classes, les récoltes obtenues ne conduisent jamais à créer autant de boites.


Si besoin, on peut affiner en créant des boites pour les verbes en –cer (placer…) ou –ger (nager…), les verbes dont le radical se termine par un –y (balayer, voir…), etc. Voir la liste des verbes irréguliers.

Ce dispositif de mise en boites permet de revenir sur trois compétences conjointes :
– analyser des phrases pour repérer les verbes
– interpréter les formes verbales pour les ranger dans les quatre catégories : forme impersonnelle / forme indiquant « avant » / forme indiquant « en même temps » / forme indiquant « après »
– analyser les formes verbales