QU’EST-CE QUE LA MODALISATION ? QU’EST-CE QU’UN MODE ?
La langue permet à celui qui parle d’indiquer la relation qu’il entretient avec son énoncé : plus ou moins grande adhésion, marquage d’une obligation… (voir la page Quelques jalons de l’histoire de la grammaire, point 5)
Il peut exprimer une suggestion par un adverbe (peut-être, sans doute…) ou une forme verbale (Il n’est pas venu, il aura eu un accident…) ; il peut formuler une hypothèse (Il n’y aurait pas eu cet accident, je serais venu !) ; il peut marquer une obligation (On contourne obligatoirement le supermarché. Contourne-le.) ; il peut souligner qu’il ne croit pas à une affirmation qu’il rapporte (À l’entendre, Damien aurait eu un accident), etc.
Les moyens pour modaliser un énoncé sont divers : adverbes, formes verbales… Certains verbes impersonnels servent aussi à modaliser : il faut… il arrive que… Souvent, on explicite grâce à un verbe de pensée : je crois que… il doute que… elle suggère que…
Les catégories qu’on appelle « modes » en conjugaison peuvent servir à modaliser (voir la page Conjugaison), comme dans ces exemples :
Paul cherche un chien qui est gentil (mode indicatif) : ce gentil chien s’est perdu, Paul le cherche.
Paul cherche un chien qui soit gentil (mode subjonctif) : Paul veut prendre un chien mais il voudrait que ce chien ne soit pas méchant.
Mais souvent, le choix d’un mode verbal ou d’un autre est contraint par la syntaxe et ne permet pas vraiment de modaliser : il faut que tu viennes, j’attends que tu viennes… Les verbes falloir ou attendre demandent que le verbe de la subordonnée qui en dépend soit au subjonctif.
En revanche, certains temps du mode indicatif peuvent modaliser :
Il n’est pas venu, il aura eu un accident : hypothèse douteuse (futur antérieur)
Tu ne tueras pas : prescription (futur)
Si j’avais été plus sage ! : irréel (plus-que-parfait).
La notion de « mode » dans la conjugaison recouvre donc davantage une façon de classer les formes verbales que des manières différentes de modaliser.
En classe, à l’école primaire, on approche la modalisation en étudiant l’impératif qui donne un ordre (Ferme donc la fenêtre !) et le conditionnel qui exprime un fait soumis à condition (Si on avait fermé la fenêtre, je n’aurais pas attrapé de rhume). On réservera pour le collège les autres sens possibles de l’impératif et du conditionnel ainsi que les cas plus subtils ou moins évidents.
À l’occasion, on s’intéressera aussi aux adverbes modalisateurs, par exemple à la différence d’orthographe entre peut-être (Il est peut-être retardé) et la séquence peut être (Il peut être retardé), ou à l’ambiguïté de sans doute (Il a sans doute eu un accident : sans doute = sans nul doute ou = probablement ?).