COMMENT CONJUGUER ?

On dit parfois que le verbe est « le pivot de la phrase ». Cette expression peut se justifier de deux manières.
D’une part, le verbe assure la relation entre ce dont on parle (le plus souvent le sujet grammatical : Maitre Corbeau) et ce qu’on en dit (les autres éléments de la scène – les compléments d’objets : un fromage, ou du jugement – les attributs). Cette relation est réalisée dans l’accord du verbe avec le sujet.
D’autre part, le verbe manifeste la relation entre le propos qui est tenu et celui qui tient ledit propos grâce à la diversité des formes possibles. Pour le dire de manière très schématique :
– le choix du temps indique si le propos concerne un fait qui a lieu avant la prise de parole, en même temps ou après ;
– le choix du mode indique la modalité selon laquelle celui qui parle adhère à son propos (indicatif : fait constaté ; subjonctif : fait seulement envisagé, non avéré ; impératif : fait exigé ; conditionnel : fait mis en doute, soumis à condition…)

La forme que prend le verbe reflète ces deux sortes de relation dans les deux systèmes d’éléments qui varient : la marque de la personne porte l’accord avec le sujet grammatical, la marque du mode-temps porte l’insertion dans la perspective de celui qui parle. À priori, une forme verbale s’analyse en trois morceaux :
            Maitre Corbeau sur un arbre perché
               Tenait en son bec un fromage.
La forme tenait se décompose ainsi en trois :
ten– : radical du verbe, qui porte le sens lexical
ai– : marque du mode-temps. Elle indique le passé, elle pose le fait comme réel et elle suggère que ce fait s’oppose à un autre qui fera évènement (la prise de parole du renard)
t : marque de la personne 3. Elle fait le lien avec le groupe sujet.

Il est à noter que la caractéristique du présent est qu’il n’y a pas de marque du mode-temps, la marque de la personne est accolée directement au radical.
Les formes composées (passé composé, plus-que-parfait, futur antérieur) s’analyse de manière plus complexes, la composition elle-même (association auxiliaire + participe passé) indiquant une antériorité par rapport au mode-temps porté par l’auxiliaire.

Voir aussi la page Regrouper les verbes

Les difficultés essentielles tiennent aux modifications qui peuvent affecter le radical, ou plutôt aux exceptions à ces modifications ou à l’incertitude dans leur notation :
– la disparition de la consonne finale du radical (nous part-ons, mais je par- -s : le –t– du radical a disparu). Les exceptions sont les verbes pour lesquels la consonne a disparu à l’oral mais se maintient à l’écrit (type vendre (je vends / nous vendons), et les verbes mettre, battre…)
– le changement de voyelle (je meurs / nous mourons). Le flottement concerne les verbes en –eter (je déchiquète / nous déchiquetons mais je jette / nous jetons) et en –eler (je gèle / nous gelons, mais j’appelle nous appelons).
Pour les autres difficultés, ou bien elles concernent tout un pan du français (usage de la cédille, par exemple pour le verbe placer et du –e– auxiliaire par exemple pour le verbe nager ;  usage du –y-, par exemple pour le verbe croire), ou bien elles touchent peu de verbes, elles ne se dépassent que par un effort de mémoire ou une grande attention à l’analyse de ce qu’on entend.

Voir aussi la liste des verbes irréguliers