QU’EST-CE QU’UNE TRANSFORMATION AU SENS GRAMMATICAL ?

Dans la théorie de la grammaire générative, ce terme désigne le passage d’une structure profonde à une forme effectivement réalisée (sur la grammaire générative, voir la page Quelques jalons de l’hitoire de la grammaire).

De façon moins rigoureuse mais plus utile pour l’enseignement, le terme désigne souvent le passage d’une formulation concurrente à une autre formulation concurrente : par exemple, la transformation passive (le chat poursuit la souris / la souris est poursuivie par le chat) ou la pronominalisation (le chat poursuit la souris / il la poursuit). En ce sens, les transformations sont nombreuses : outre la passivation et la pronominalisation, citons
– la subordination : il va pleuvoir, je crois / je crois qu’il va pleuvoir
– la négation : il va pleuvoir /il ne va pas pleuvoir
– la nominalisation : je ne crois pas qu’il pleuve / je ne crois pas à la pluie
– la thématisation : je ne crois pas à la pluie / la pluie, je n’y crois pas

 

Le mot du pédagogue
Il est plus rigoureux de distinguer les transformations au sens grammatical parmi les multiples modifications qu’on peut faire subir à une phrase : transposition d’une phrase affirmative en une phrase interrogative, transposition d’une phrase dont le sujet est au singulier en une autre dont le sujet est au pluriel…
Mais l’habitude scolaire, dans les consignes, recourt volontiers à ce même verbe transformer pour demander des transpositions variées, en confondant changement de forme de phrase (de l’actif au passif : là, c’est le terme juste), changement de type de phrase (de l’affirmatif à l’interrogatif), variation du sujet…

Cependant, dans l’usage ordinaire des classes, il semble qu’une distinction rigoureuse n’est guère utile

En classe, il faut avoir à l’esprit que l’explicitation des transformations est cruciale surtout quand se pose un problème de compréhension.

Prenons le cas de la double négation (ne… pas… combiné avec sans…) : Ivan n’était pas sans nourriture signifie qu’il avait quelque chose à manger, mais que ce quelque chose n’était probablement pas très substantiel… Voici comment une élève de CM2 a reformulé cette phrase : « C’est pas vrai qu’il avait rien à manger. Ça veut dire juste qu’il avait ses petits gâteaux dans sa poche… On l’avait presque oublié, ça ! » Elle déplie les deux négations, et elle identifie l’intérêt stratégique de cette formulation dans la narration de l’intrigue : le lecteur avait oublié la présence de ces biscuits, mentionnés dans un chapitre précédent, et la formule citée les lui rappelle tout en suggérant qu’ils ne suffiront pas à nourrir le malheureux Ivan.

Il y a de la lourdeur à vouloir « détricoter » les transformations. Mais les difficultés des élèves demandent parfois ce genre de « traduction » pour rendre compréhensibles bien des textes.