GRAMMAIRE OU LINGUISTIQUE ?

Le grammairien établit des règles de façon à mieux parler,  mieux comprendre, mieux orthographier. Il identifie ce qui est régulier, ce qui est irrégulier dans le « bon usage » ; les critères socio-linguistiques sont importants pour définir l’acceptable, le prestigieux, le jargonnant, le familier… et aussi ce qui peut entraver la compréhension, ce qui est incorrect, erroné, maladroit…
Le linguiste tente seulement de décrire rigoureusement le fonctionnement de la langue dans un corpus précis d’énoncés réels, collectés par diverses méthodes. Ce corpus peut être large ou restreint, défini ou non sur des critères sociologiques, il peut être oral ou écrit… Et les énoncés peuvent être de facture « grammaticalement correcte » ou non : ce sont alors les variations qui sont au cœur des études.

Le projet du grammairien et celui du linguiste ne sont pas exactement les mêmes, mais les façons de réfléchir sont largement les mêmes.
Cependant le grammairien s’appuie aussi sur sa connaissance intime de la langue, alors que le linguiste d’aujourd’hui travaille plutôt sur des corpus de propos ou d’écrits authentiques.

En classe, la grammaire qu’on peut enseigner ne peut être qu’une grammaire scolaire et promouvoir un usage assez « bon » pour que les élèves ne souffrent pas de discrimination sociale. Elle ne prétend pas à une exhaustivité de tous les corpus possibles, ni à une rigueur scientifique ; elle veut seulement conduire les élèves à surmonter leurs difficultés, de compréhension ou orthographiques.
Cependant, dans l’histoire de la linguistique, le travail de description a élaboré un ensemble de notions utiles pour résoudre les problèmes d’orthographe ou de compréhension qui se posent aux jeunes élèves : la grammaire scolaire actuelle s’est éloignée de ce qu’elle était dans les siècles précédents et intègre les notions venues de la linguistique quand elles lui rendent des services pour éclairer telle ou telle difficulté.